Ça peut commencer comme un roman.
Il était Arsine.
Et voici son histoire....
C'est une histoire pas très drôle, comme toutes les histoires qui s'écrivent en ces temps, et dont l'héroïne principale est la vie. Une histoire dont on aimerait pouvoir en attendre une fin heureuse, promettre au lecteur que malgré tout, malgré les péripéties, les combats, les batailles, ces disparitions accumulées n'auront pas été en vain, et que l'orgie destructrice qui s'est emparé de l'humanité sera anéantie à temps.
A l'heure actuelle, bien que tous les voyants soient au rouge écarlate, une poignée d'humains un peu fous a l'air de vouloir absolument continuer dans la direction qu'elle a emprunté depuis des siècles, et qui mène droit à une impasse. Et cette fin de l'histoire, on la connait.
Elle ne finit pas très bien. (enfin pour nous, humains, et pour tous les êtres vivants avec qui nous sommes liés)
Les glaciers d'Europe, au même titre que les espèces animales, sont en danger d'extinction, alors même qu'ils sont vitaux, car ils ne sont rien de moins que de gigantesques réservoirs d'eau pour l'Europe. S'ils disparaissent, c'est toute l'Europe qui en sera chamboulée, et pas franchement pour le mieux.
C'est à contre-coeur qu'Arsine, dans les années 80, s'est dévêtu de son manteau blanc qui ne lui tenait plus vraiment sur les épaules, rejoignant ainsi la communauté grandissante des glaciers noirs.
Ses morènes sont comme de grandes larmes séchées qui entourent ses eaux laiteuses, vestiges de ce qui fut autrefois Arsine.
Mais Arsine perdure, néanmoins. Son âpre beauté offre encore des horizons où l'esprit s'évade, en toute liberté.
Rivières de lait
Ce qui m'a surpris en faisant cette très jolie randonnée, c'est cette couleur laiteuse, crémeuse de l'eau qui donne au paysage un caractère singulier, comme si les montagnes au lieu de l'eau crachaient du lait...
Je ne suis jamais allée dans l'Himalaya, mais la vue de ces rubans de laits serpentant dans la vallée et de ces couleurs ocres et vertes m'y ont fait penser, et je voyais sans mal des yacks déambulant dans ces couloirs, je voyais presque des fanions colorés s'agitant dans le vent au premier plan...
Arsine, ce fut une belle et revigorante randonnée, qui donne à voir tout un panel de tons et de plantes montagnardes. De petits lacs secrets se découvrent, auprès duquel il est bon de faire une halte rafraîchissante, alors que le soleil de juillet nous transforme en légume trop cuit.
L'arrivée au glacier
Après l'Himalaya, ce sont les Andes qui se sont rappelées à moi ; décidément, quel voyage intérieur!
Le vent bat son plein et c'est ici que nous commençons à goûter à une température plus clémente, recherchée avidement par ces temps de canicule-qui ont une grande tendance à grimper aussi en montagne. La petite polaire est de mise, et c'est un vrai plaisir.
Je déambule dans les rochers, les yeux tournés vers le sol, à la recherche de textures et de plantes à photographier. La joubarbe claque son rose fuschia d'entre les cailloux, les fougères joliment vertes se détachent à merveille de l'eau laiteuse du glacier.
Les nuages s'invitent au retour sur les parois des montagnes, les mettant ainsi en relief, comme un peintre laisse son pinceau de couleurs traîner sur sa toile. Les montagnes s'illuminent ainsi de teintes et de reliefs nouveaux, tandis que les alpages s'ouvrent devant moi avec leurs courbes harmonieuses, m'invitant soudain non plus à la marche mais à la course ; courir pour courir, simplement goûter à cet espace découvert, grand, libre; courir comme lorsqu'on court enfant, les bras écartés, sans doute pour mieux attraper le vent ; et quand on ne court pas, c'est pour mieux observer les marmottes. Que serait la montagne sans marmottes?
Que la montagne est belle!
Souvenons nous en....
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