L'an 2020, je l'ai passé en Italie.
Petit clin d'oeil de la vie, nous avons commencé là où toute cette année allait débuter...
Le coronavirus était une rumeur, nous étions encore en plein épisode de grève de train et j'avais en tête de m'amuser et d'aller au grand air. Parce que mine de rien, avec ces histoires de grève sncf , je me suis retrouvée confinée dans ma région dès mi-novembre, alors j'avais envie de voir un peu autre chose! (et encore heureux! car si j'avais su la suite!!)
Avec mon presque inséparable compagnon d'aventures, direction les Langhe, dans la région du Piémont Italien, en passant par la basilique de San Michele qui servit de lieu de tournage au film Le nom de la Rose. Un beau panorama de la terrasse, même si je continuerai à déplorer le massacre des vallées par l'implantation d'usines et d'entrepôts en tout genre, évidemment tous laids et qui balafrent les paysages montagnards.
En chemin, avant la succession complètement déjantée des collines de vignes à perte de vue caractéristique du Piémont italien, une halte douce et poétique s'impose aux lacs de la vallée en descendant de la Basilique. La lumière rasante de l'après midi apporte sérénité et calme. Difficile d'imaginer que la grande route n'est pas loin, la civilisation bruyante à portée de pas. (enfin si un peu quand même, avec les déchets qui surnagent à la surface du lac dans certains endroits)
En route vers....
....L'improbable paysage
Si Bacchus m'était conté...
Ayant habitée presque un an et demi dans une région de vignes en Allemagne, dans la Rhénanie Palatinat, je savais un peu à quoi m'attendre sur les paysages de vigne en hiver. Et le peu de photos vu de ces paysages à cette époque de l'année dans le Piémont Italien ne m'avaient pas franchement fait bondir au plafond.
Oui mais....
Rien ne vaut la confrontation à la réalité pour faire un pied de nez aux préjugés les plus tenaces . Les Langhe, même en hiver, c'est quand même quelque chose! On pourrait dire que...C'est fou. Irréel. Improbable. On dirait le défi lancé par des copains, allez viens, on va essayer de mettre le plus de vignes possible sur le plus de collines possibles, jusqu'à ce qu'on ne puisse plus. Cap?
....
A priori, cap.
Et on se retrouve ainsi par monts et par vaux à arpenter une terre où par milliers jusqu'à l'infini semble t-il, l'homme a planté des vignes et UNIQUEMENT des vignes.
La monoculture en puissance.
La monoculture pour les pochtrons.
La géométrie des Langhe
Le territoire des Langhe, c'est une notion de perspective et d'infini.
L'horizon se divise par strate, comme en géologie.
Les vignes se déploient les une après les autres avec leur petit village perché comme on déploie une carte de randonnée: horizontalité des collines, verticalité des plants de vignes, les lignes se mélangent, on a mal aux yeux. Les tracés des chemins sinuent gaiement sur l'arrondi doux des collines, on croirait pouvoir d'une seule enjambée les faire toutes, avec en ligne de mire sur tout l'horizon, là bas au loin, la chaîne des Alpes. Des tables de pique-nique au milieu de la végétation attendent le randonneur/flâneur et sa bouteille de vin. (forcément. On ne s'attend pas à une bouteille d'eau minérale.)
Sous la douce lumière hivernale, la région semble roucouler de plaisir, elle offre ses rondeurs et douceurs sans complexe et semble faire de l'oeil au physique plus austère des Alpes.
Les perspectives de bleu qui s'étagent comme le paysage côtoient le vert foncé des sapins, tandis que quelques touches d'orange, vestiges d'un automne disparu, rehaussent les tons maussades des arbres dénudés.
Une fois la surprise passée de ce paysage étonnant, on se retrouve sous un doux soleil à flâner tranquillement dans les collines, sans se presser, rien ne presse, après tout. Le temps ici se goûte et s'apprécie comme la première gorgée de vin.
Coucher de soleil en Italie
Dans la nuit tombante les villages s'illuminent et ceignent joliment le haut de leur colline de guirlandes lumineuses. C'est l'occasion de vivre aussi quelque chose d'un peu particulier, une mise en scène où l'eau de rose se mêle au vin et au coucher de soleil. Car sur le haut des plus baux belvédères, face à l'horizon flamboyant, une musique sirupeuse au possible vous attend, avec coupes de vin et petits gâteaux gratuits. C'est l'occasion rêvé pour les couples de se prêter, sur fond sonore de Titanic, à la farandole amoureuse, à la galoche passionnée. Il ne faut pas non plus manquer LE moment de faire votre déclaration, d'amour ou de mariage, qu'importe, tous les ingrédients sont réunis ici. Ce serait dommage de laisser passer l'occasion.
Mais manque de pot pour nous, avec mon fidèle compagnon d'aventures, nous ne sommes qu'amis, et c'est d'un oeil très amusé que nous avons observé cette mise en scène. Au lieu de s'embrasser ardemment à pleine bouche avec des "oui je te veux, pour la vie, mon amour, à tout jamais", nous avons fait des cocottes en papier avec les serviettes qui nous étaient à disposition sur le buffet (gratuit).
C'était bien aussi.
Ha, l'Italie, ce pays de la séduction!
Sur le chemin du retour, halte non loin du val de Suze, entre cascade et village. L'unique rue du petit village où nous nous sommes arrêtés, aux vieilles pierres déchaussées et aux murs tous tordus, très joliment décoré pour les fêtes de fin d'année , marque notre dernière étape avant le retour. Entre les guirlandes de sapins sobrement décorées et les pères Noël fait-maison, le street art, ancien et moderne (je vous laisse deviner lequel est l'ancien et lequel est le moderne) ajoute cette petite pincée artistique et colorée qui fait tout le charme des lieux choyés par ses habitants.
Le retour sonne trop vite, j'aurais aimé prolongé un peu cette Italie, ces vacances en duo entre collines et montagnes, pizzas et pizzas, loin de tout ce tumulte que nous réservait 2020.
Finalement, un verre de plus pour l'affronter n'aurait pas été de trop.
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